L'eau
L’eau. Irremplaçable et cruciale, elle est le dénominateur commun à toute forme de vie sur Terre. Son absence, au même titre que sa surabondance peut créer des ravages et la culture de la vigne ne fait pas exception à cette règle.
Sans surprise, l’alimentation en eau de la vigne est décisive dans la croissance et la photosynthèse de la plante. C’est entre autres la disponibilité de l’eau qui détermine la quantité, mais aussi la qualité d’une vendange et par conséquent, du vin.
Trop d’eau.
Des précipitations en trop grande quantité peuvent être la source de nombreux maux de tête chez un viticulteur. L’eau affecte l’équilibre acide-sucre, un facteur déterminant dans la qualité du vin. Un excès d’eau peut augmenter le rendement de la vigne. Elle produit alors plus de fruits, mais ceux-ci perdent de l’acidité, élément essentiel à l’équilibre d’un vin, et ont une plus faible concentration en sucre. Ils sont en quelque sorte « dilués ». Un excès d’eau peut également créer d’importants problèmes phytosanitaires tels que l’apparition de champignons comme l’oïdium ou le mildiou, des maladies de la vigne ravageuses.
Trop peu d’eau.
Une sécheresse intense apporte elle aussi son lot de défis. Un stress hydrique prononcé et prolongé entraîne des dysfonctionnements physiologiques. Les feuilles basses jaunissent, rougissent ou brunissent, la véraison (moment auquel les raisins prennent leur couleur) tarde à arriver et les grains flétrissent. La photosynthèse, la transpiration et le mûrissement seront ralentis, voire complètement arrêtés. Les rendements et la qualité des raisins sont affectés à la baisse. On le comprend, l’impact sur la vendange peut être catastrophique.
Quelle quantité alors ?
Le besoin hydrique de la vigne, bien que primordial durant tous ses stades de développement, varie selon ceux-ci. C’est entre le débourrement (éclosion de la feuille) et la floraison, puis après les vendanges que la disponibilité de l’eau est la plus importante. Cette eau peut avoir été stockée dans le sol durant les précipitations d’hiver ou encore, dans le cas de sols plus drainants, provenir de pluies qui seront alors bienvenues. Entre la véraison et les vendanges, il est préférable pour la vigne d’être sous un stress hydrique modéré. Autrement dit, la vigne doit manquer d’eau… mais pas trop ! Bien que cette carence, si raisonnable, entraîne une diminution de la taille des baies, elle permet surtout une augmentation de la concentration des composantes de qualités dans le fruit telles que le sucre, les arômes et l’acidité.
Une tendance à la hausse est observable pour ces événements météorologiques extrêmes. Les millésimes pluvieux le sont plus et les années de sécheresse sont plus chaudes. Les changements climatiques laissent peu de marge de manœuvre aux viticulteurs. Si l'on ne peut empêcher la pluie de tomber, une solution existe pour pallier le manque d’eau ; l’irrigation. L’Espagne est d’ailleurs championne en la matière avec près de 40% de sa superficie viticole irriguée. Bien que controversée, l’irrigation a comme avantage de garantir le rendement et la qualité. Chaque appellation possède un cahier des charges strict à ce sujet. Par exemple, pour les AOC de France, une demande de dérogation offre la possibilité d’irriguer entre le 1er mai et le 15 août, date après laquelle toute irrigation est interdite, et ce, jusqu’à la fin des vendanges.
Pluies diluviennes et sécheresses mises à part, l’eau peut aussi jouer un important rôle sur le microclimat d’une région. Moselle, Rhône, Douro, Gironde, Loire, lac de Garde, Méditerranée… les plus observateurs d’entre vous auront peut-être déjà réalisé que les fleuves, lacs et mers sont situés au cœur des régions viticoles les plus emblématiques au monde. Et leur rôle va bien au-delà que celui de créer un paysage de carte postale.
Les fleuves
Les terrasses en pentes abruptes sont un dénominateur commun des vignobles situés en bordure de grands fleuves. Comme l’air froid est plus dense que l’air chaud, il se concentrera en bas de pente. Les vignes s’en retrouvent confortablement protégées des gels printaniers. L’eau a aussi la qualité de refléter les rayons et la chaleur du soleil sur la vigne.
Les lacs
L’eau prend plus de temps à se réchauffer et plus de temps à se refroidir que toute autre matière. Par exemple, l’eau d’une piscine se réchauffe beaucoup plus lentement que l’air durant une journée, mais est encore tempérée à la tombée du jour lorsque l’air est de nouveau frais. Le même principe se reproduit à grande échelle. On a tous déjà contemplé un lac fumant au petit matin. Eh bien cette chaleur, c’est la vigne à proximité qui l’emmagasine ! Non seulement la présence d’un lac tempère le climat, mais elle permet aussi d’allonger la saison de mûrissement. À l’inverse, un lac d’une région très chaude peut aider à modérer la température.
Les océans
Bien que la proximité avec la mer comporte des risques pour la viticulture (humidité, pluies), les vignobles de climats plus chauds peuvent remercier les courants froids, les fraîches brises et les brouillards marins grâce auxquels l’indispensable acidité peut être préservée dans les fruits. La mer peut même transmettre une salinité aux vins, un agréable plus !
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